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Genre

Les études de genre poursuivent l’objectif de mettre en évidence tout ce qui, dans le masculin et le féminin, est construit historiquement, culturellement et socialement. Apparu dans les années 1950 aux Etats-Unis, cet intérêt se manifeste d’abord chez les médecins américains amenés à effectuer une distinction entre « sexe » et « genre » dans leurs recherches sur les intersexuels (ou hermaphrodites) et les transsexuels, qui affirmaient que leur identité de genre ne correspondait pas à leur sexe biologique. Le terme a ensuite été utilisé par le mouvement féministe, qui s’en est servi pour contester les rôles et les tâches traditionnellement assignés aux femmes, et n’a cessé de se propager en questionnant toujours plus les stéréotypes sexués, ancrés dans nos cultures.

Aujourd’hui, les études de genre tentent de mettre à jour les stéréotypes sexués qui se mettent en place dès le plus jeune âge, entre filles et garçons, pour lesquels des comportements, modes d’être et pratiques, semblent par défaut ou « par nature » attribués – à tort, donc. L’impact de ces conditionnements se mesure aujourd’hui et implique à remettre en cause la division déterministe des rôles dans les sphères les plus diverses de la vie quotidienne (domestique, professionnelle, etc.). De telles études remettent en cause le caractère « naturel » de comportements communément jugés comme tels. Les opposants y voient une menace contre un ordre où les rôles sociaux correspondent au sexe biologique, où ces sexes sont complémentaires, et où chacun occupe sa place traditionnelle dans la famille, et dans l’organisation sociale. Autant dire que le débat est sensible.

S’il nous faut éduquer à une prise de conscience du débat, et sensibiliser à la question en vue d’une meilleure compréhension de nos sociétés, de leurs traditions et courants de pensée, une attention portée à la sphères des arts et de la culture est une première approche, pour le moins révélatrice. Outre le fait que la culture exprime des moeurs, des styles de vie et des économies d’existence, elle a l’avantage de créer un espace de communication et d’expression qui, s’il est nécessairement politique, relève par-dessus tout de l’utopie, du poétique, du jeu, de l’intuition et de tout ce que cette expérience a de vital pour l’inspiration humaine et l’invention de mondes possibles. La musique en est un bel exemple. Qu’a-t-elle à dire sur la problématique du “genre” ? C’est la question ici posée.

Par son ilot « genre », Archipel démasque et questionne les stéréotypes de nos musiques modernes : quelles représentations genrées véhiculent les musiques tant populaires que savantes, à qui s’adressent-elles et de qui se font-elles les porte-paroles ? Y a-t-il des musiques spécifiques aux genres, et comment les dépasser ? L’attention est portée au champ musical le plus large et l’approche s’enracine dans l’histoire des représentations genrées (lesquelles trahissent les reste d’un profond déterminisme dans notre manière de penser la place de l’homme ou de la femme dans la musique), avec une attention particulière accordée aux territoires de la musique expérimentale. Il s’agit enfin de ne pas limiter la notion du genre à l’antagonisme masculin/féminin, stéréotype largement intégré, afin de dépasser le discours dominant sur la question. En brisant les repères entre des genres musicaux, des codes sociaux et des représentations genrées, cette mise en perspective débouche sur des notions mutantes, qui plus que jamais sont le lieu des vrais débats.

Ou comment se montrer disponible, à l'écoute, d’une invention insubordonnée et affranchie des courants de pensées qui au fil des siècles ont tissé une tradition lourde de déterminismes, dont on peinera longtemps à se défaire.


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