COLLECTIONS

Découvrez les collections Archipel au sein de nos PointCulture (ex-Médiathèque de la Communauté française de Belgique) ...


Mika Vainio, Kevin Drumm, Axel Dörner et Lucio Capece – Venexia

Rencontre au sommet. Mika Vainio, ex membre du duo Pan Sonic, et Kevin Drumm, figure phare du black-metal-digital, pour le côté électronique, et, côté acoustique, Lucio Capece à la clarinette basse, saxophone soprano et shruti box, et Axel Dörner à la trompette et à l’ordinateur. Cet album (enregistré à Venise) est un exemple magistral d’improvisation mêlant originalité, radicalisme et talent. Nappes, drones, crépitements, larsens, techniques étendues, boucles, ultra- et infra-sons s’atomisent, se conglomèrent, composent littéralement cet évènement sonore mêlant langage digital abstrait et sonorités acoustiques insoupçonnées. L’objet (packaging/vinyle) lui-même est une réussite, comme souvent chez PAN.

Kevin Drumm – Relief

Un nouvel opus du musicien originaire de Chicago, adepte de black métal, dont la pratique, guitaristique d’abord, marquée par la radicalité électronique et le drone, oscille entre minimalisme et extrême noise. “Relief” est un album tout à la fois éprouvant et hypnotique. Drumm déverse un torrent de bruit, dense, saturé, monolithique, un chaos harmonique, constant et éprouvant, mais aussi inventif et virtuose. Sous le magma, une mélodie fantomatique peine à se faire entendre, prise comme figée dans un flux de matière qui ne laisse pas le moindre répit à l'écoute. Le silence résonne, quand l’album arrive à son terme.

Aaron Dilloway & Jason Lescalleet – Grapes and Snakes

La rencontre de deux bruitistes américains : Aaron Dilloway, fondateur de Wolf Eyes, à la pratique solo remarquable/remarquée (mentionnons l’excellent album 'Modern Jester’), et Jason Lescalleet, à situer quelque part entre musique concrète et industrielle, noise et musique électronique minimale. Ensemble ils livrent une masse brumeuse psychoacoustique à base de synthés analogiques et de manipulation de bandes. Un objet sonore et plastique fidèle à l’esthétique PAN.

I Treni Inerti – Luz Azul

Cet enregistrement d’une seule piste est le témoin d’une performance de Ruth Barberán (trompette et objets) et Alfredo Costa Monteiro (accordéon et objets), tenue une nuit de septembre dans un jardin d’oliviers, proche d’un croisement de lignes ferroviaires, en Espagne. Le sons des trains vient par intermittence ponctuer la situation. À l'écoute de la nuit et de l’expression doucement lancinante des deux intervenants, l’auditeur est immergé dans une poésie de l’espace, poésie du timbre, de la texture des notes répétées. Une beauté de situation, provisoire et vécue.

Aaron Dilloway – Modern Jester

Fondateur du label Hanson Records et membre du groupe Wolf Eyes, Aaron Dilloway livre avec Modern Jester un environnement sonore dévasté fait de boucles enregistrées (synthé, percussions, field recordings, etc.). Cet album, qui couvre une période de trois ans, marque par sa force, sa densité, et surprend par sa capacité à suggérer un univers dont on ne sait s’il est celui de l’artiste où s’il nous appartient en propre – d’autant que l’artiste prévient, sur la pochette de l’objet : ce disque est rempli de « messages subliminaux ». Cette reconstruction d’un champ de ruines sonores, dont on reconnaît ici et là quelques sources, ou suggérant quelque vision enfiévrée, est hautement recommandable.

Richard Garet – Areal

Ce sont les perturbations électromagnétiques à travers le signal radio qu’investigue ici Richard Garet, praticien de l’interférence. Cette recherche donne lieu à un univers où se mêlent distorsion de signaux, crépitements, micro-phénomènes. L’artiste explore et canalise les forces invisibles et inouïes, rendant sensible ce qui a priori échappe à nos perceptions sensorielles. Il orchestre, agence, manipule ces énergies pour en offrir de nouvelles configurations.

Helmut Schäfer (+ Elisabeth Gmeiner, Will Guthrie et Zbigniew Karkoswski) – Thought provoking III

Ce disque monté par Will Guthrie donne à entendre une version de la pièce 'Thought provoking’ d’Helmut Schäfer, enregistrée un an avant sa disparition. Orgue et électroniques (Schäfer), violon (Gmeiner), percussion et amplifications (Guthrie) s’associent, se combinent, se répondent en un processus minimaliste et aéré, ouvert et délicat, tout en continuité et en tension. Cette œuvre est suivie d’une seconde piste, qui en est une relecture. Ce mix de Zbigniew Karkowski, ami et collaborateur de longue date du compositeur autrichien, se veut plus agressif que la pièce d’origine ; les textures en sont moins nuancées, la dynamique est autrement nerveuse, plus crispante que sereine.

John Cage – Empty Words

Réalisée à partir du Journal de Thoreau, Empty Words est une œuvre pour laquelle Cage, par des opérations de tirage au sort, vide le mot de tout sémantisme, le réduit à la lettre, pour opérer « une transition du langage à la musique ». Sur la recommandation du compositeur, les intervenants ouvrent le Journal de Thoreau et y piochent ce qu’ils veulent. Cette suite aléatoire de phonèmes est ici “chantée” par Sylvia Alexandra Schimag. 4 pièces d’une durée de 2h30 chacune (pour condenser le tout en deux cd, le label a choisi le format MP3) donnent à entendre phrases, mots, syllabes et lettres / mots, syllabes et lettres / syllabes et lettres / lettres et sons, auxquels s’ajoutent la résonance des notes du Wandelweiser Composers Ensemble ou du piano de Jongah Yoon. Cette œuvre s’adresse aux amateurs de Cage, aux férus de la poésie abstraite, et à tout les curieux prêts à s’engager dans une aventure d’une dizaine d’heures, hors du reste.

John Cage – The Number Pieces 6 (Essential Music) (Par John Kennedy & Charles Wood)

De 1987 à 1992, Cage compose le cycle Number Pieces, où il fait usage de ce qu’il appelle des « parenthèses de temps » (“Chaque section [d’interprètes] a ses propres sons avec des parenthèses de temps (une période de temps durant laquelle le son peut commencer et une période de temps durant laquelle le son peut finir, les deux périodes se chevauchant. Ce chevauchement permet de varier la durée du son de très courte à très longue)”. Issus de cette série, 'Five’ (1988) (ici adapté pour des bouteilles soufflés par cinq interprètes), 'Seven’ (1988) et 'Thirteen’ (1992) sont ici interprétés par Essential Music sous la direction artistique de John Kennedy & Charles Wood.

Yannick Dauby & John Grzinich & Murmer – Lind, Raud, Aastaajad

Le premier de ces deux cd rend compte d’environnements naturels saisis par Yannick Dauby en Estonie. Oiseaux, métal, nappes sourdes ; un monde en résonance. Le second cd croise les enregistrements de terrain de John Grzinich et de Murmer (Patrick McGinley) avec les sons et les traitements électroniques de Dauby. Ici encore, c’est le phénomène naturel qui s’offre à l'écoute (pluie, neige, rivière, vent, insectes, etc.). Une immersion dans le monde.

Eva-Maria Houben – Druids and Questions

Cette composition électronique semble inspirée de la pièce “Unanswered Question” de Charles Ives (1906) et de la poésie d’Emily Dickinson (“Yet a Druidic Difference / Enhances Nature now). À base de sons d’orgue enregistrés, la compositrice livre de nouveau sur Wandelweiser Records une œuvre d’une apparente simplicité, d’une discrétion caractéristique, à base de souffles plus ou moins tenus, plus ou moins ténus, égarés dans la densité du silence semblant dominer cette composition.

Yannick Dauby – Tai-pak thia sa pian

L’artiste livre avec ce disque trois compositions sur base d’enregistrements de terrain de la ville et des environs de Taipei, capitale de Taïwan. Inspirées par l'évolution et la modernité de l’environnement urbain, par les aborigènes aujourd’hui disparus, ces œuvres reflètent trois façons d'écouter le paysage sonore urbain. Apaisantes, intrigantes ou inquiétantes, elles oscillent entre l’anecdote documentaire et la fiction de situations sonores intemporelles.

Steve Peters + Steve Roden – Not A Leaf Remains As It Was

Cet album studio du duo Steve Peters/Roden fait la part belle à la voix – un intérêt qu’ils manifestaient déjà au travers de leur collaboration avec la chanteuse Anna Homler. Des phonèmes nippons issus d’un livre de poèmes japonais se déposent sur un fond sonore tantôt vaporeux, tantôt silencieux. De fines nappes, quelques notes et autres sons discrets d’objets parsèment l’ensemble, tranquille, éthéré. Zen.

Pali Meursault – Without the Wolves

Cet album est le fruit d’enregistrements récoltés en 2006 et 2007, lors de régulières excursions dans les alpes françaises. De cette recherche ont principalement été composées deux longues pièces, l’une à partir de la fonte du Glacier de Bonnepierre et l’autre à partir d’une tempête à l’Alpe de Villard-d’Arène.

Kim Cascone – Anti-musical celestial forces

Témoignage de voyage, Anti-musical celestial forces est le quatrième album de l’artiste consacré aux field recordings. Une piste unique d’une trentaine de minute donne à entendre des enregistrements réalisés en Europe à l’automne 2008 alors que l’artiste était en tournée. Sur ces paysages de sons (sons concrets, d’ambiance, mais aussi nappes et textures électroniques) se dépose une voix qui nous lit ce qui s’apparente à des notes issues d’un carnet de voyage.

Jan Yun – Music for listening on the moon

Cette œuvre de l’artiste chinois Yan Jun est un prolongement d’une installation et de son enregistrement « Wormhole trip (Music for time-space travel) ». Des résonances à la limite du feedback ou de la saturation, interférant à l’origine avec leur environnement immédiat. Un travail minimaliste et contemplatif à écouter à faible volume.

Core of the Coalman – Box of the Last Help

Jorge Boehringer poursuit ses explorations acoustiques au violon, à la guitare acoustique, ou électroniques. Cette œuvre instrumentale résolument minimaliste développe un art maitrisé de la répétition aux effets psychoacoustiques troublants.

Valerio Tricoli & Thomas Ankersmit – Forma II

Saxophone alto, synthétiseur analogique, micros de guitare, magnétophone à bande, divers micros, baladeur, ordinateur. Autant de source à partir desquelles Thomas Ankersmit et Valerio Tricoli développent leur univers complexe, en permanente évolution, en métamorphose continue. Les matières, fines, délicates, variées, servent cette atmosphère minimale donnant peu à peu la primauté au drone culminant au terme de l’album.

Philip Corner & Manuel Zurria – Joy flashings

Joy Flashings est l’heureux résultat de la rencontre et compréhension mutuelle de deux compositeurs d’exception, Philip Corner et Manuel Zurria, qui livrent ici un voyage onirique à travers le son, des instruments traditionnels aux techniques modernes de production sonore (incluant l’icône ultime de la société contemporaine : l’iPhone). Ce travail est une réflexion sur le monde d’aujourd’hui, sa technologie, et la fonction qu’y remplit désormais la musique.

Corpse Rice – Mrs Rice

L’australien Lucas Abela, aka Justice Yeldham, bien connu pour sa lutherie des plus singulières (une plaque de verre contre laquelle il écrase son visage), a recruté à Pékin deux musiciens locaux, Yang Yang (batterie) et Li Zenghui (piano), pour fonder Rice Corpse, un improbable trio aux frontières du noise, du free jazz et du rock. Le martellement du clavier conjugué aux sons de Yeldham, la section rythmique et l’improvisation tout en ruptures rendent ce disque fascinant.

Dafeldecker – Kurzmann – Drumm – eRikm – Dieb13 – Noetinger

Werner Dafeldecker (électroniques, basse) et Christof Kurzmann (ordinateur, clarinette) rencontrent Kevin Drumm (guitare et électroniques), erikm (électroniques), Dieb13 (platines) et Jérôme Noetinger (dispositif électroacoustique). Cet album est constitué d’enregistrements de concerts donnés à Berlin, Graz et Vienne en 2000 et 2001. Les sons produits par les différentes sources se croisent et s’articulent en un objet sonore abstrait aux matières électroniques fines et variées.

K11 – Metaphonic Portrait : 1230 AD

K11 est le nom de scène de Pietro Riparbelli et 1230 est la date d’achèvement de la Basilique Saint-François d’Assise, plusieurs fois séculaire, profondément chargé de spiritualité, d'ésotérisme et de magie, dans laquelle l’artiste sonore italien a placé un chapelet de récepteurs radio à ondes courtes, ensuite mixés à des voix résonantes et des pistes d’orgue. Entre recueillement, ambient et vitalité noise.

Adam Bohman & If, Bwana – Adhesives and grout

Adam Bohman aux textes, violon préparé, instrument fait maison à onze cordes, objets (différents verres à boire, une fourchette en métal, du bois, du plastique, etc.) et If, Bwana alias Al Margolis à la clarinette, voix, glockenspiel, guitare (avec la participation de Adrian Northover au saxophone soprano et Dan Andreana à la voix) proposent au travers de cet album quelques improvisations électroacoustiques, concrètes, libres de structures, mêlées à quelques interventions poétiques polyphoniques.

Miki Yui – Magina

Miki Yui est surtout connue dans le domaine de l’installation sonore. Son univers est peuplé de micro-sons, de micro-événements qu’elle extorque aux environnements ou objets. Ce disque le plus ouvertement musical et mélodique des 4 albums qu’elle a fait paraître en plus d’une décennie, entre la recherche ou documentation sonore et sa remodélisation aux accents électronica.

Stephan Mathieu – A Static Place

L’allemand Stephan Mathieu met à jour en l’actualisant un patrimoine musical inattendu : les toutes premières pièces baroques, gothiques et renaissantes gravées sur vinyle 78 tours entre 1928 et 1932. Elles sont jouées sur de vieux gramophones, et captées grâces à deux micros qui les intègrent au laptop. Dès ce moment ces pièces renaissent dans une métamorphose proprement post-moderne : une manipulation détourne le schéma classique pour ne garder de la matière que sa substance ; un retraitement qui, mêlé à de longues nappes et textures synthétiques, nous livre au final des pièces d’un ambient lumineux.

Zeitkratzer – Whitehouse (electronics)

Zeitkratzer, formation protéiforme fondée par Reinhold Friedl, est à l’heure actuelle l’un des plus importants ensembles contemporains. Au travers de ce disque, l’ensemble (ou Friedl, plutôt) semble nous livrer sa propre version de la musique de Whitehouse, réinventée, changée. C’est une rencontre entre la technicité sans faille de l’ensemble et les idées extrémistes de William Bennett. Une apocalypse sonique, stridente et intense que certains trouveront trop éloignée de l’œuvre originale, là où d’autres salueront la magistrale puissance dégagée par cette interprétation.

Ben Gwilliam & Michael Vorfeld – Lauste

Avec pour matériau de base différentes improvisations de Ben Gwilliam (magnétophones, diverses bandes et cassettes) et Michael Vorfeld (système d’éclairage sonore) datées de 2008, Lauste se déploie comme une longue plage sonore, délicate, subtile, constituée de micro-événements magnétiques, de grésillements, de pulsations, de bruit blanc.

Jason Kahn – Sin Asunto

Enregistrement live (Zurich, 18 décembre 2008). « L’idée de ‘‘Sin Asunto’’ remonte à mon amour du travail d’Albert Ayler avec des cordes. J’avais cette musique en tête lorsque j’ai proposé à Christian Weber (contrebasse), Bo Wiget (violoncelle) et Vincent Millioud (violon) d’interpréter une partition graphique qu’on m’avait demandée de composer pour une série de concerts au club Moods à Zürich. Je voulais aussi poursuivre une idée que j’avais depuis quelque temps, combiner l’acoustique résonnante d’une percussion amplifiée avec un groupe d’instruments à cordes. Je me suis intéressé à brouiller les lignes entre les timbres électroniques et les lignes tendues des cordes acoustiques ». (Jason Kahn)

Zeitkratzer – Alvin Lucier (Old School)

Zeitkratzer, formation protéiforme fondée par Reinhold Friedl, revisite l’œuvre dépouillée du compositeur américain Alvin Lucier pour ce troisième volet de la série « Old school ». Au total 5 compositions enregistrées entre le Luxembourg et l’Allemagne explorant par une instrumentation minimale le langage et l’univers du compositeur.

Hama Yôko – Triptyque de l’œil

Hamayôko est le projet de Yôko Higashi, performeuse, chanteuse, chorégraphe et danseuse. L’artiste propose ici un triptyque sonore à base d’orgue et de voix réalisé en différents contextes (on reconnaît la résonance d’une église). L’ensemble est lent, monochromatique, et dégage une atmosphère de spiritualité empreinte d’un psychédélisme amorti, à laquelle convient parfaitement la forme du triptyque.

Olivia Block – Heave to

Olivia Block livre un bel exemple d’interaction/mariage entre l’enregistrement field recording et l’instrumentation classique. Son univers aquatique tourmenté (le bruit de la mer et ses ressacs, les grincements du bois, les fracas métalliques, la densité de l’écume) accueille une série d’incursions de cordes, de cuivres, de clarinette et de hautbois. Une musique extrêmement imagée, évocatrice.

John Wall & Alex Rodgers – Work 2006-2011

La rencontre du compositeur et improvisateur John Wall avec l’écrivain Alex Rodgers. Musique électroacoustique et poésie échangent, s’imbriquent. L’abstraction austère de cette œuvre, qui est une compilation d’improvisations et autres fragments captés de 2006 à 2011, sert le surgissement de la voix et du verbe.

V/A – Colorfield Variations

C’est à une transposition d’un style pictural moderne à la vidéo que s’exercent Steve Roden, Alan Callander, Frank Bretschneider, Stephan Mathieu, Sue Costabile + Beequeen, Tez, Tina Frank + General Magic, Bas van Koolwijk, Chris Carter + Cosey Fanni Tutti, Ryochi Kurokawa, Sawako, Evelina Domnitch + Dimitry Gelfand, Ernest Edmonds + Mark Fell. En réaction au lyrisme de l’expressionnisme abstrait qui éclate aux États-Unis dans les années 1950, certains artistes dont Mark Rothko et Barnett Newman, ont exploré la voie du « Color Field » caractérisé par une recherche minimaliste sur base d’aplats colorés, de segments et d’éléments géométriques élémentaires et d’une fascination pour la lumière et le rendu des couleurs. Un demi-siècle plus tard, la vidéo prolonge la recherche picturale dans une même quête de radicalité optique.

Live DVD Atak Night 3

Ce DVD rend compte d’un événement au Club Unit et d’une « live & secret collaboration gig » au Superdeluxe à Tokyo, présentant les performances de Pan Sonic, Keiichiro Shibuya, Keiji Haino, Goem et Evala. Une documentation audio-visuelle qui rend compte de la façon d’acter cette musique et de la vivre dans sa facture expérimentale, collaborative et ouverte.

Blindhead – Whether that will make people …

Ce vinyl (le premier du label Ini.itu) ne comporte qu’une seule face, laissant l’autre vierge. L’unique pièce constituant l’œuvre se livre en un agencement abstrait de sonorités retravaillées. Cette archéologie des sons, aux textures électroniques, où le microsound relaye une pratique bruitiste maitrisée, s’offre à l’auditeur tel un « cinéma pour les oreilles ».

Anaphoria – Footpaths and Trade Routes

Anaphoria, projet initié par Kraig Grady, invente des îles imaginaires, de nouveaux instruments, une musique microtonale. Ses percussions lentes et ritualistes évoquent, dans un halo de réverbération, Harry Partch ou Zoviet France.

Michael J. Schumacher / Noetinger-Doneda-Erikm – Beet5 / Nervures

Sur une face (33rpm), Michael J. Schumacher, accompagné de Michael Moser (violoncelle), Shelley Burgon (harpe), Serge Baghdassarians et Boris Baltschun (percussions), mêlent improvisations instrumentales, enregistrements de terrains et sons électronique. Prenant pour point de départ le concerto pour piano n°5 de Beethoven, ralenti au maximum, l’ensemble aux textures fines présente un caractère pour le moins organique. Sur l’autre face (45rpm), Michel Doneda (saxophone), eRikm et Jérôme Noetinger (électronique) livrent avec Nervures un collage d’extraits de concerts librement agencés, prenant au niveau formel le parti pris du retraitement façon « eRikm ».

Dave Phillips & Cornelia Hesse-Honegger – Mutations

« Mutations » est l’inattendue collaboration de Dave Phillips (dont on connaît le passé grindcore, son intérêt pour la performance et son amour curieux du monde animal et des insectes) et Cornelia Hesse-Honegger, illustratrice scientifique et artiste de la science, qui étudie les insectes et leurs transformations notamment suite à l’explosion du réacteur numéro 4 de Tchernobyl en avril 1986. « Mutations » donne à entendre des enregistrements de terrains retraités, essentiellement d’origine animale, évoquant la monstruosité et le cauchemar des dérives d’une nature modifiée.

Fransisco Lopez – Untitled #228

Fransisco Lopez retraite et mixe des sons initialement enregistrés par Blindhead, en Indonésie. La face A donne à entendre un collage de bribes de discussions, des cliquetis en tous genres, quelques fantômes de mélodies, des enregistrements de rue et des bruits d’insectes… L’enregistrement est semblable à la bande son d’un reportage sans images faisant partager la vie ordinaire des habitants d’Indonésie. La face B est plus atmosphérique et évoque un morceau d’ambient sombre, à partir d’enregistrements de gamelans.

Twinkle³ – Let’s make a solar system

Twinkle³ est un trio composé de Richard Scott, David Ross et Clive Bell. Ils réalisent avec Let’s Make a Solar System une espèce de pop électro-acoustique, profondément naturaliste. Electronica, instruments organiques, sampling exercent une musique aux relents aquatiques.

Pierre Gerard – Environment and gesture

Cet enregistrement témoigne du minimalisme des situations qu’affectionne Pierre Gerard, plasticien et musicien liégeois intéressé par les formes silencieuses et minimales de la musique. Son intervention est ici presqu’absente. Son geste tend à disparaître dans l’environnement, à s’y fondre. L’écoulement de l’eau et du temps compose cette œuvre, déclinée en trois pièces (une avec objets et deux autres avec instruments) qui auraient presque pu exister sans lui.

Hayward / Lo / Taxt – Microtub

Ce trio de tuba, improbable réunion autour du tubiste Robin Hayward (ici au tuba microtonal, qu’il a personnellement fait fabriquer par un luthier pour en poursuivre l’exploration sonique) auquel se joignent Kristoffer Lo et Martin Taxt, on le doit au label norvégien Sofa. Microtub dessine un paysage délicat, homogène, monochrome ; le timbre de l’instrument négocie très justement son rapport au silence, ponctué de basses et de notes plus aigues, au fil des souffles. Une œuvre magistrale explorant les potentialités du tuba, mais aussi les relations entre les musiciens, les instruments et le silence.

Jim Haynes – The decline effect

C’est l’idée du déclin, de la progressive décomposition qui traverse cette œuvre de Jim Haynes, musicien évoluant aux lisières du field recording, des mises en scène de drones elliptiques et d’extravagantes interprétations de phénomènes électromagnétiques et météorologiques. Influencé par la parapsychologie, la psychokinèse et la perception extra-sensorielle, l’artiste livre ici quatre pistes (de 15 à 20 minutes) à base d’ondes radio, d’électronique naufragé, d’enregistrements de terrains ou de câbles résonnants. Autant de voyages égarés au creux d’un univers sonore trouble, décomposé, fongique.

Cage-Tudor – Indeterminacy

Réédition d’une œuvre de 1959 lors de laquelle John Cage se livra à la lecture d’une séquence d’anecdotes et autres histoires, dans l’esprit zen, tandis que David Tudor produisait au piano, dans un apparent désordre, des bribes et lambeaux musicaux. Cette œuvre illustre en un cas particulier l’usage de l’indétermination dans la musique/poésie et est en cela exemplaire de l’œuvre de Cage.

eRikm & Luc Ferrari – Visitation

« À la tombée de la nuit du 1er Avril 2011, j’entendis à travers les fenêtres de ma maison le chant répétitif d’un oiseau de nuit. ‘‘Madeleine’’ qui me ramena directement à la pièce électroacoustique de Luc Ferrari ‘‘Presque rien, n°2’’. Curieux de comparer l’oiseau qui officiait dans le jardin de Cap15 (situé dans les cartiers nord de Marseille) avec l’oiseau de ‘‘Presque rien’’. Cela déclencha le désir de diffuser la pièce de Luc dans l’acoustique de ma maison. Muni d’un enregistreur rudimentaire, je me déplaçais à l’intérieur puis à l’extérieur en faisant des allers retours entre ces deux espaces. Je jouais avec les profondeurs de champs, les battements de ces deux oiseaux espacés de 34 ans et m’imprégnais de tous les événements acoustiques… Alors je suis cerné à mon tour, et pourrais-je dire, pénétré en échange ». (note de l’artiste).

Francisco López – Untitled 205

Cet objet est une exploration des possibilités de réincarnation ou recyclage d’objets et de structures sonores préexistantes. Une face laisse entendre un mix de 18 minutes, allant du rythme au bruit ; l’autre présente 20 boucles, 20 sillons fermés.

Ellen Fullman – Through Glass Panes

Ellen Fullman livre au travers de cet opus une démonstration magistrale du maniement de son Long string instrument, sorte de harpe couchée d’une trentaine de mètres de long. Elle est accompagnée pour ces quatre pièces de Theresa Wong (violoncelle), Henna Chou (violoncelle) et Travis Weller (violon). Le fond méditatif des harmoniques de Fullman se marie à merveille aux accents plus accrocheurs, plus rapides des instruments, produisant un bel exemple de musique du continumm, ici sous forte influence de la musique d’Inde du Nord.

...