Retrouvez cet artiste dans le parcours “FLUXUS”
- Dick Higgins, qui était originaire d’Angleterre, avait 26 ans lorsqu’il fonda à Chelsea (Manhattan) les éditions “ Something Else Press “ qui devait être une des fenêtres incontournables de la littérature avant-gardiste, de la poésie concrète et surtout du mouvement Fluxus dont il fut l’un des co-fondateur en 1961. Compositeur, ayant étudié auprès de Cage et Henry Cowell, écrivain et pionnier du “ happening “ (1958), Higgins développera en 1965, sous l’appellation “ intermedia “, un concept esthétique visant à décloisonner les domaines artistiques et, conformément à l’esprit de Fluxus, à faire tomber les barrières entre l’objet d’art et celui de la vie quotidienne. Dans son manifeste “ Statement of Intermedia “ de 1966, Higgins souligne l’importance pour le créateur de se réapproprier le monde au travers des techniques médiatiques de son temps et définit l’approche “ intermédiatique qui “ consistera précisément à “ donner de l’emphase à la dialectique entre les médias. Un compositeur est un homme mort à moins qu’il ne compose pour tous les medias et pour son monde “, “ This is the intermedial approach, to emphasize the dialectic between the media. A composer is a dead man unless he composes for all the media and for his world “. S’appliquant également à l’expression simultanée de plusieurs champs artistiques, le concept d’intermedia aura une influence déterminante dans le développement de la performance dans l’art occidental contemporain. “ The Thousand Symphonies “ est l’aboutissement d’un projet de show au Douglass College de la Rutgers University de New Brunswick. L’université, qui collabora de manière suivie avec le mouvement Fluxus, fut également le terrain d’expérimentation des premiers “ happenings “. “ The Thousand Symphonies “ fait partie de ces expériences artistiques où les réalités du monde, sociales ou politiques sont remises en perspectives et si le processus de création repose ici sur l’utilisation des armes à feu, il s’agit, au-delà d’une réflexion sur la société répressive en général, de dénoncer certaines dérives de la police et les conséquences désastreuses d’un acharnement punitif disproportionné envers la jeunesse. Higgins eut l’idée de confier à des policiers la confection de partitions musicales à partir de feuilles vierges qu’ils prendraient pour cibles. Il resterait alors aux musiciens de composer sur le graphisme des feuilles perforées. L'événement musical fut filmé et eut un certain retentissement médiatique tandis que les partitions, qui devaient être interprétées ensuite par un orchestre de bénévoles dirigé par Philip Corner, font actuellement partie de la collection Hahn du Musée d’Art Moderne de Vienne. Le titre “ The Thousand Symphonies “, au-delà d’une critique de la répression policière, interroge également un certain parallélisme entre une civilisation occidentale établie sur l’autorité coercitive et l’orchestre symphonique. JL
Artists